C'était un lundi soir des lus horribles. J'ai toujours détesté les lundis, pour une obscure raison, puisque ce n'est pas le début d'une nouvelle semaine, puisque mes semaines ne finissent jamais. C'était juste une mauvaise journée. Une de mes équipes avaient échoué dans sa mission, on avait découvert deux taupes ... Cette manie de faire toujours confiance, si seulement je pouvais l'effacer. Le seul point positif, c'est que de mon côté, la mission que je menais, un braquage de routine pour avoir des vivres pour les habitants avait été un succès. Et aller braquer quoi que ce soit dans le centre n'était pas une mince affaire. Tout avait été plutôt calme ces jours-ci ; pas de disparition, pas beaucoup de morts, du moins pas à ma connaissance. J'arrivais à faire vivre un peu tout le monde, je pouvais m'accorder une pause à ce comptoir. La plupart de mes hommes jouaient aux fléchettes, les autres au billard. Je souriais tout de même, bien content d'être chez moi ; même si je n'y étais jamais seul. Personne que je ne connaissais pas n'était venu encore.

Je marchais dans une ruelle, sans savoir ou j'allais. Je n'avais plus de toit depuis longtemps, alors j'errais, comme tout les soirs. Je ne connaissais même pas la date, et j'estimais l'heure. La veille, j'étais dans les montagnes, et jamais je ne savais ou mes as me mèneraient. Vivre au jour le jour, voilà ce que je faisais. Je ne pouvais choisir un camp, de toute façon. Je me devais d'être serviable au peuple de l'Ouest, comme au peuple du Sud, en me retenant de haïr celui du centre.
Plus j’avançais dans la rue, plus il y avait de gens. J'étais même témoin en direct d'un vole à main armé. Une vielle dame qui se faisait braquer ses affaires par deux types, la trentaine. Sans réfléchir, je me suis interposé, ce qui a fait fuir les agresseurs qui avaient tout de même eu le temps de récupéré le porte feuille de la dame. Pour les rattraper, j'ai grimpé sur un mur, couru de toits en toits pour retourner au sol devant eux. L'affaire s'est vite réglée, j'i rapidement retrouvé la grand mère et lui ai rendu son bien. Après quoi, en regardant droit devant moi, je me suis offert le droit d'aller dans un bar, histoire de me changer les idées. Je suis entré sans dire un mot, et je suis allé m’asseoir au comptoir, en saluant le barman, que je ne connaissais pas, pour commander un verre de lait. (de chèvre... //PAN//)

Je me suis tourné vers le nouveau venu, alors que tous s'étaient tus. Mes hommes étaient toujours méfiants. Je me suis tourné vers eux avec un sourire rassurant.

- Tout va bien, c'est un ami ~

Aussitôt, en une fraction de seconde, ils s'étaient remis à jouer. Moi, je me tournais vers Drake, avec un grand sourire.

- Comme on se retrouve ! C'est une excellente surprise ~ Comment tu vas ?

Aucun bruit, puis un capharnaüm. Une voix, et je me suis retourné. Lorcan Milles.. Je me demandais ce que j'avais pu faire, pour tomber deux fois sur lui...Non pas que je ne l'aimais pas, au contraire. Mais c'était dur à supporter, les images du massacre qu'il me rappelait.

- Ha.. Salut !

Je lui ai sourit, pour changer de d'habitude.

- Ca va et v- .. toi?

J'ai pouffé de rire en voyant sa réaction. Il ne s'attendait pas à me voir là ...? Il ne devait pas avoir conscience qu'ici, c'était là où j'habitais.

- La routine. Qu'est ce qui t'ammène ici ?

C'était rare que quelqu'un entre sans raison ; et lui devait savoir où il mettait les pieds, puisqu'il me connaissait. Cela dit, mon bar était chaleureux, et tout était bon ; en plus, la plupart du temps, les gens ne payaient pas leur consommation.

- Et bien.. Je me promène..~

Une promenade qui dure depuis quelques années en vérité..
J'ai remit correctement mon écharpe et l'ai furtivement regardé dans les yeux.

J'ai appuyé ma tête dans ma main, accoudé au comptoir, le regardant.

- Alors ce n'était pas du tout parce que tu voulais me voir ~ ?

Je savais que non ; il s'était enfui la dernière fois. Mais c'était plus pour le taquiner qu'autre chose.

J'ai souri en regardant le comptoir.

- Pour être honnête.. Je ne cherche jamais à revoir les gens que j'ai déjà croisé... C'est mieux pour eux.

J'espérais ne pas le blesser.. Puisqu'il faisait partit des rares personnes qui croisaient ma route plusieurs fois.

J'ai pouffé de rire ; parce que j'avais presque anticipé cette réponse. Après quoi je suis redevenu sérieux, le détaillant avec un petit sourire en coin :

- JE suis curieux de savoir ... Ce qu'il y a en toi qui pourrait être si dangereux que tu ne puisses pas avoir d'amis.

-  Ce n'est pas le fait d'être dangereux ou pas. Ma conscience m'interdit ce genre de bonheur. Mon seul plaisir aujourd'hui est d'aider les autres.. Du mieux que je peux. C'est une sorte de.. Rédemption..?

J'ai bu une gorgé du lait qu'on venait de me servir, sans le regarder. Cette fois c'était fini, je ne parlerais plus de moi, au risque de trop en dire.

Je l'ai regardé, surpris, aussi un peu captivé par ses paroles.

- C'est une théorie intéressante ... Mais je ne cautionne pas. Personne ne mérite d'être seul.

Être seul ... C'était devenu, depuis un petit moment, une phobie. Depuis l'attaque des dragons, je crois m'être toujours entouré. Savoir que j'avais des amis à protéger m'a toujours donné une raison de respirer malgré le poids de mes souvenirs, qui m'aurait facilement coupé le souffle.

J'ai rigolé quelques secondes.

- JE, mérite d'être seul. Mais je ne souhaite pas en parler..

J'ai fini mon verre et j'ai regarder à l'intérieur, la petite goutte du fond qui tournait avec le verre dans ma main.

J'ai fini par renoncer, avec beaucoup de difficulté, à en savoir plus.

- D'accord ...

Donc, on ne pouvait pas être amis, parce qu'il n'avait pas le droit d'avoir ds amis. C'était plutôt frustrant, comme situation.

J'ai penché ma tête en arrière, j'ai regardé le plafond puis les alentours.

- Et donc.. C'est chez toi ici?

J'ai hoché la tête.

- Ouais. C'est cool, de vivre dans un bar.

Au moins, je n'étais jamais seul.

- Tu habites où, toi ?

Ca ne devait pas être ennuyant au moins.

- J'imagine.. Moi j'habite.. Un peu partout.. Ha ha..

Et voila comment passer pour un sdf associable~ ! Boulet, boulet, boulet, boulet !

J'ai haussé un sourcil.

- Un peu partout ...? Tu vas pas me dire que tu vis dehors ...?

ça faisait peut être partie de son génial programme de rédemption. Enfin, si c'était le cas, je le laissais pas partir, moi. J'allais pas le laisser à la rue.

J'ai mal avalé ma salive et ai toussé.

- Heu.. Ben si.. Enfin c'est cool dehors ! .....

Tais toi, tais toi... Arrêtes de raconter des conneries~

Je l'ai regardé, ouvrant grand les yeux.

- Moi, je te laisses pas repartir. J'ai pas envie d'avoir ta mort sur la conscience !

Et tant pis pour sa fabuleuse rédemption. Il avait quand même le droit d'avoir un toit au dessus de la tête.

- Ma m.. Ah non mais je t'assure, c'est pas si horrible que ça hein!

J'avais privé énormément de personnes de leur foyers, je trouvais ça normal de ne pas en avoir. Et puis.. Je n'en avais jamais vraiment eu, alors comme je ne connaissais pas, ça ne me manquais pas..

J'ai haussé les épaules :

- Et bah excuse moi, mais c'est dangereux et il fait froid. Hors de question.

Je déteste laisser les gens avec leur problèmes, ne pas les aider ; Drake n'échapperait pas à la règle avec ses conneries de conscience, que je ne comprenais même pas.

- Je peux me défendre.. Je veux pas déranger. Et puis le froid ne me dérange pas.. J'aime pas squatter chez les gens...

J'avais pas envie de déranger; ni de lui faire perdre son temps.

Je lui ai sourit en déclarant :

- En général, les gens que ça dérange ne proposent pas. En plus, c'est le principe de cet endroit ; c'est un squat.

Il ne me dérangeait pas. S'il y avait trop de monde dans le dortoir, il dormirait dans ma chambre ; on ne pouvait jamais savoir quels lits seraient pris.

Et un deuxième point pour M.Milles ~

- Hm.. D'accord.. Merci..

J'ai sorti quelques pièces de ma poche pour payer mon verre et je lui ai sourit

- Tu aides toujours n'importe qui, comme ça?

J'ai haussé les épaules :

- Pas spécialement ... Uniquement mes amis.

Enfin, moi, je considérais facilement les gens comme mes amis ; donc peut être qu'il avait raison. ça me jouait des tours, parfois, je savais que c'était dangereux, mais il avait une tête mignonne et inoffensive qui inspirait confiance.

J'ai regardé le sol.. Ami? ... Après quoi j'ai gargouillé. Comme si c'était le moment. J'ai posé ma main sur mon ventre. Oupss...

- ... Ami? Tu ne me connais pas..

Je l'ai regardé avec mon éternel sourire.

- Et puis ? Tu n'es pas mon ennemi, si ?

Je n'ai jamais fonctionné autrement. Blanc ou noir, oui ou non. Pas d'entre deux. Je me suis levé, passant rapidement derrière le bar, entrant dans les cuisines par une porte à l'arrière, après une minute, j'ai ramené deux assiettes conséquentes de spaghettis bolognaise.

- Bon appétit, Drake !

Je l'ai regardé partir, et le temps que je réponde à la question "est ce que je dois en profiter pour partir? " il était déjà de retour, avec deux assiettes de nourriture.

- Merci mais.. Je ne peux pas accepter.. Je n'ai plus de quoi payer..

Je n'avais pas eu d'assiette aussi conséquente sous les yeux depuis plusieurs mois, faut avouer que ça donnait vraiment envie.

Je lui ai fait un clin d'oeil.

- Hey, c'est pas un resto, ici, y'a pas de menu. On ne sert à manger qu'aux amis, c'est pas payant.

Il me faisait penser ... à un chaton. Timide, gêné, affamé. Je lui a tendu ses couverts, lui reservant un verre de lait, puisque visiblement il ne buvait pas.

J'ai regardé l'assiette, et je suis resté planté la, juste à la regarder.

- Mais tu vas faire faillite...

J'ai haussé les épaules.

- Je suis pas là pour faire du business. ça va être froid, mange.

Moi, j'ai commencé mon assiette. C'était bon, de la bouffe de cantine, qui nourrissait bien et réchauffait. Le genre de truc que j'ai toujours adoré.

Je lui ai souri et j'ai pris les couverts.

- Je te le revaudrais.. !

Et puis j'ai mangé, surement comme quelqu'un qui n'avait pas manger depuis 3 ans, puisque que c'était quasi le cas.

J'ai pouffé de rire en le voyant manger comme ça. Visiblement, le fait que ce ne soit pas de la haute gastronomie ne lui déplaisait pas, comme à moi.

- Tu n'as pas besoin. On n'aide pas quelqu'un pour avoir un retour ~

- Si si, j'y tiens !

Ca faisait tellement du bien de se remplir le ventre.. J'avais presque oublié cette sensation.

Je lui ai sourit de nouveau en le regardant plus qu'en mangeant.

- Oublie ! Tu trouves ça bon ?

L'aspect était pas terrible, mais le goût l'était assez.

- J'ai un problème avec l'oubli~ Et oui !

J'avais quasiment fini mon assiette, en à peine une minute. J'avais du oublier de mâcher.

Je n'ai rien rajouté, il se rendrait vite compte qu'il n'y avait rien qu'il pouvait faire pour moi.

- Tu en veux encore, petit chat ~ ?

J'avais dit ça avec un sourire moqueur, évidemment. Mais sérieusement, son attitude m'y faisait penser.

- Hein? Ha.. Heu.... Non merci.. C'était très bon !

j'ai un peu bugué sur le "petit chat", alors j'ai rien dit. J'avais le ventre plein, et j'étais au chaud. Je pouvais rien demander de mieux.

J'ai rit en voyant sa tête, après quoi je me suis étiré. Il était tard, la salle se vidait, certains montaient, d'autres sortaient ... Comme tous les soirs.

- On est bien là, pas vrai ~ ?

- Ouais..!

Mieux que dehors en tout cas. Et puis finalement, ca ne faisait pas de mal, être entouré de gens..

Je l'ai regardé avec un sourire amusé, tandis qu'il regardait les gens autour. A croire qu'il prenait goût à la compagnie, qui l'eut cru !

- Tu me diras quand tu seras fatigué ~

- Ben.. Hm..

Quand est-ce que je suis fatigué..? Un peu tout le temps en ce moment~

Je n'ai eu aucun mal à comprendre qu'il voulait aller se coucher.

- Viens, on monte ~

Je l'ai fait monter à ma suite. Dans le dortoir ... Beaucoup de bruit, et pas un seul lit de libre. Tous me saluèrent, plusieurs oreillers furent balancés sur moi -que j'évitais sans mal, par habitude-, beaucoup plus sur Drake lorsqu'ils comprirent qu'il allait donc dormir avec moi. D'habitude, j'avais tendance à refuser. Alors du coup, ils se vengeaient en lui envoyant des coussins ; c'était bon enfant, ça allait, ils n'allaient pas le lyncher.

Je me suis retrouvé à lui suivre, sous une pluie de coussins. Mes bras me servaient de boucliers, et je ne comprenais pas vraiment pourquoi ils m'envoyaient tous leur coussins... Ma tête e devais pas leur revenir.. Ou ils voulaient tout simplement pas de moi..? Ou alors, c'étais parce que je suivais Lorcan.. Je ne savais pas trop...

Je l'ai regardé, pouffant de rire, et lui ai ébouriffé les cheveux.

- Ils te taquinent, ce n'est pas méchant ~

J'ai regardé les autres, ramassant un des coussins pour le balancer dans la tête d'un des hommes.

- Arrêtez un peu, bande de jaloux !

Et je l'ai emmené dans ma chambre. Tout était calme, on entendait que le ronronnement d'un chat noir, allongé en boule sur mon lit. Ma chambre n'était pas extraordinaire, très banale, seul le matelas était d'une qualité exceptionnelle -un cadeau de tous mes amis, pour mon anniversaire- et il faisait chaud. Moi, je trouvais ça cool ; en tant que démon, je détestais le froid. Je n'aurais jamais pu dormir alors qu'il faisait froid.

- Heuuu.. Ouais.. Ha ha...

De toute façon, si ça avait vraiment pour but d'être méchant, je pense que àa n'aurait pas été des coussins que je me serais mangé... Et heureusement d'ailleurs, qu'ils ne dormaient pas sur des armes à feux~ J'ai continué de le suivre, jusqu'à.. Sa propre chambre?

Il avait eu de la chance : ils avaient tous des armes à feu. Je lui ai sourit, avant de prendre mon chat dans mes bras.

- Fais comme chez toi ~

Pendant ce temps là, je caressais mon chat qui ronronnait de plus en plus fort. Au moins, le lit était libre.

J'étais pas vraiment à l'aise.. J'avais jamais dormi dans un lit, et je ne savais même pas comment ça s'utilisait. La honte. J'avais pas envie de l'avouer, alors je me suis assit sur le lit, et je l'ai regardé.

- .. Merci.. Encore..

Je savais pas bien ce que c'étais de faire comme chez soi.. Alors je supposais que.. Ca voulait dire que je pouvais dormir..

J'ai sorti un sac de couchage de sous mon lit ; je ne pouvais pas dormir avec lui. Ce serait sans doute ... Déplacé. Il pouvait profiter de mon lit, et comme il avait l'air totalement paumé, je lui ai ouvert les draps.

- Regarde, tu te mets dedans et tu fais de beaux rêves.

J'ai regardé le lit. Un bon moment en fait.

- C'est.. Mou...

C'était vraiment étrange.. Quand je vivais en captivité, mon lit, quand j'y avais le droit, se résumait au sol, dehors. Et ça n'a pas changé depuis. Il m'étais déjà arrivé de m'asseoir sur une banquette, mais jamais sur un lit.