Une fois de plus, je me suis surpassée en conneries. Cependant, qui dit " Mauvaise journée le matin et l'après-midi" dit " soirée tranquille et bonne surprise", non? La bonne surprise, je l'attendais. Où ? Eh bien, là où l'action se passe le plus souvent c'est à dire dans les souterrains ou plutôt au marché noir. L'idée de pouvoir trouver quelque chose de rare était excitante . J'étais sûre que je trouverais la perle rare à ma petite collection aujourd'hui. Enfin, je sentais que la chance allait tourner en ma faveur.

Je déambulais en observant toujours ce qu'il se passait autour de moi. Même si cette atmosphère m'était encore étrangère, j'en étais fascinée. La décadence de tout un peuple dans un même lieu. Une sorte de troupeau qui se pervertissait mutuellement comme une sorte de contamination.

Comme tous les soirs, j'attendais, adossé au mur, la tête en arrière. Je regardais les gens passer, sans vraiment prêter attention à leur identité. Ils étaient juste un flux qui déambule d'un bout à l'autre du marché noir, rien de plus, une sorte de masse presque uniforme. J'avais l'habitude de cet endroit, il était devenu ma routine depuis un moment déjà. Et je pense que la patience s'est ajoutée à la liste des choses que je sais faire, peut-être juste entre "siffler" et "gorge profonde", un truc du genre. Tout ça, c'est devenu tellement normal pour moi et les jours s'enchainent et se ressemble d'une façon un peu monotone. Mais c'est ça, ma vie, à présent. Celle de Luan Erwann MacAlister, gosse de riche qui a mal tourné. Ou Luan Erwann MacAlister, la petite pute de luxe que les vieux riches du coin s'arrachent. Je sais pas trop, tout ça ne m'atteint plus. Je suis là, dans mon coin, un peu dans l'ombre, je passe inaperçu pour ceux qui passent sans prêter attention à ce qu'il se passe sur les trottoirs...

" Excusez-moi, pardon.. "

Ce sont les mots que je devais répéter une dizaine de fois pour passer.Je dois avouer que j'en avais un peu marre de me faire bousculer par tout le monde. J'étais si insignifiante que ça ? Oh puis zut, je me suis jetée sur le trottoir en espérant trouver un chemin où me faufiler sans me prendre un ou deux coudes dans la figure. En manquant par ailleurs la mini marche du trottoir. j'ai finalement atterit sur un mur. Poisse un jour, poisse toujours.

"Bétail à la con" dis-je à voix basse.

Au bout d'un moment, parmi la foule sans visage j'ai aperçu une jeune femme visiblement pas très à l'aise qui tentait de s'extirper de là. Je l'ai observée un moment jusqu'à ce qu'elle n'arrive à sortir et arriver jusqu'aux trottoirs. Je continuais de la regarder, je n'ai rien dis au début avant de sortir quelques mots sur un ton assez bas, toujours aussi discret.

" Tout va bien ? "

" Oh mais c'est pas possible d'être aussi con. Une bonne grenade et ça serait impé..pé.."

J'ai levé la tête.

"cable ?"

J'ai légèrement rougit.

Elle avait l'air un peu perturbée... Je l'ai laissé terminer sa phrase. Son visage ne me disait rien en tout cas...

" Oui sûrement ... "

" C'est sortit tout seul..Je suis pas encore terroriste.."

Cette manie de me justifier constamment. Argh. C'est décidé, il y a quelqu'un aujourd'hui qui veut que je passe une journée de merde jusqu'au bout. La chance ne tournera pas.

" Je n'ai rien dis... "

Bah oui, j'ai jamais émis l'hypothèse qu'elle puisse être un terroriste... J'ai détourné le regard d'elle et j'ai à nouveau collé ma tête au mur, comme avant qu'elle n'arrive.

C'était terriblement gênant. Je venais à nouveau de me ridiculiser.

" Je vous prie de m'excuser, merci"

J'ai baissé les yeux .

Elle me parlait encore... Je ne l'ai pas regardée, j'avais les yeux rivés sur la foule une nouvelle fois.

" Pas besoin ..."

Je le dévisageais innocemment. Il me foutait légèrement la chair de poule. Aucune réaction n'était présente.

" Tu cherchais quelque chose ? "

Je connais bien le marché noir, peut-être que je peux lui apporter mon aide.

".. pas vraiment, je pensais trouver des choses plutôt rares, excitantest...un peu de renouveau."

J'avais du mal à le regarder dans les yeux. Ça faisait surement suspect.

" Il faut aller près des stands alors ... "

Si elle se faufile pas elle pourra rien trouver, les gens s'aglutinent devant...

Je regardais la masse devant moi.

"Ah ouais..d'accord.."

Je vois.. Sauf que j'aime pas qu'on me touche. Mon visage se décomposait.

"..Merci.."

" Derien ... "

Elle avait pas l'air rassurée d'un coup. Elle devait vraiment pas connaître l'endroit..

" Je repasserai surrement ..."

Je soupirais..Je regardais néanmoins où je pouvais passer. J'avançais d'un pas.

" Bon courage... "

Je suis resté planté là, tel une statue, et je l'ai observée se démener pour essayer de passer.

Je me suis avancée doucement.. Je me sentais vraiment mal à l'aise.. je passais entre les gens mais l'idée qu'on me touche m'était insupportable.
" Pardon.. je .."

Elle avait vraiment du mal et elle s'y prenait pas comme il fallait pour passer à travers les gens... Je me suis décollé du mur et je l'ai rejointe avant de l'attraper par le poignet pour la tirer jusqu'à l'autre côté, plus vers les stands.

Je l'ai regardé.

" Vous...vous n'êtes pas obligé de m'aider..je sais me débrouillée toute seule".

J'ai regardé mon poignet.

"Mais merci ? "

" Ca vous aurait pris trop de temps... "

Au moins là, ça a été rapide...

".. je fais que regarder.."

Je sentais que tout le monde se poussait.

" Je reviendrai plus tard .. aie.."

" Je reste juste à côté... "

Je surveillais autour, le temps qu'elle regarde vite fait si elle le voulait.

" Je n'ai pas besoin de garde du corps.."

Il me frustrait légèrement.

" Je vous assure. Aie ..aie.."

J'ai demandé par la pensée à mes spectres de tenir éloignés les gens. Ils ont formé une sorte de barrière que seul moi pouvait voir, du coup, plus personne ne pouvait nous approcher...

Tiens on me pousse plus. Je regardais l'homme à coté de moi. Il me perturbait vraiment puis je faisais ce que je devais faire: Regarder, observer et fantasmer sur les trouvailles.

J'ai pas bougé d'un poil, je suis resté debout à côté d'elle en train de fixer les spectres. Enfin, je fixais plutôt le vide pour les autres, puisque moi seul pouvait les observer.

J'étais déçu.. j'attendais des oeuvres d'arts mais il n'y avait rien qui m'interpeller.

" Eh bien, c'est pas jolie jolie..Il faut croire qu'il y aura rien d'excitant aujourd'hui"

" Il faudra revenir une prochaine fois... Si vous chercher des oeuvres d'art, le meilleur jour c'est le vendredi... "

Aujourd'hui, c'est surtout des breloques, pièces détachées... Quelques organes dans les tentes le plus au fond, ça arrive souvent, il y a aussi parfois des ventes vraiment pas très clean, pire que de la simple contrebande ...

" De toute façon, je n'ai pas encore d'argent. J'aime pouvoir posséder mais sans argent, on est rien du tout"

Je me suis étirée.

" Merci beaucoup monsieur"

Je m'ennuyais.

" Je vois ... C'est vrai ... "

Je ne manque plus d'argent maintenant, mais il manque quelque chose par rapport à la vie que j'avais avant ... Avant tout ça ...

" On étouffe là, non ?"

Je me suis retirée des stands.

" Oui ... "

Enfin, je réponds oui, mais moi je suis habitué à cette atmosphère, je ne m'en rends plus tellement compte.

Adossée au mur, je contemplais l'environnement. Finalement, peu être qu'il y aurait quelque chose d'intéressant à faire.

Je me suis rapproché d'elle à nouveau et je l'ai observée, toujours aussi silencieusement...

" C'est toujours comme ça ici ? Il ne se passe rien ? Pas d'action ? Pas d'événement particulier ?"

J'ai posé mon sac par terre.

" Justement, il se passe beaucoup de choses ... "

Mais il faut bien connaître l'endroit pour tout savoir, je pense.

"...eh bien..rien de percutant à mes yeux.."

Je me suis laissée tombée pour m'asseoir.

" L'ennui est vraiment le pire ennemie de l'homme"

Je l'ai regardée s'asseoir. Par terre...

" Tu t’assois ici ? "

" ? bah je suis fatiguée .. je vous gêne ?"

Il était même flippant. Il a jamais vu de gens s'asseoir dans la rue ?

" Bah ... C'est quand même pas vraiment un endroit pour se reposer... "

On est quand même sur le trottoir du marché noir, donc un trottoir à putes...

"...Bah essayez ! Vous allez voir, on peut tout observer quand on est insignifiant"

J'ai étendu mes jambes.

" Oui enfin ... "

J'ai croisé les bras sur mon torse.

" Vous avez peur de vous assoir à coté de moi ?"

J'ai rit puis sortit une bouteille d'eau.

" C'est bien la première fois que j'effraie une personne"

" Non, je ne me suis juste jamais assis sur le trottoir où j'attends mes clients... "

Les clients se ramènent pas s'ils voient quelqu'un d'avachis par terre en même temps.

Je me suis relevée en toute vitesse.

" Ah désolée, vous êtes dans une sorte de boulot du trottoir..ça craint, je dérange"

" Oui c'est mon métier. "

Je regardais autours.

" Non non vous ne dérangez pas. "

" J'ai le don de croiser que des prostitués ma foi"

Je levais les yeux.

" Ah oui vraiment ? "

J'ai haussé les epaules ...