" Bah ... C'est quand même pas vraiment un endroit pour se reposer... "

On est quand même sur le trottoir du marché noir, donc un trottoir à putes...

"...Bah essayez ! Vous allez voir, on peut tout observer quand on est insignifiant"

J'ai étendu mes jambes.

" Oui enfin ... "

J'ai croisé les bras sur mon torse.

" Vous avez peur de vous assoir à coté de moi ?"

J'ai rit puis sortit une bouteille d'eau.

" C'est bien la première fois que j'effraie une personne"

" Non, je ne me suis juste jamais assis sur le trottoir où j'attends mes clients... "

Les clients se ramènent pas s'ils voient quelqu'un d'avachis par terre en même temps.

Je me suis relevée en toute vitesse.

" Ah désolée, vous êtes dans une sorte de boulot du trottoir..ça craint, je dérange"

" Oui c'est mon métier. "

Je regardais autours.

" Non non vous ne dérangez pas. "

" J'ai le don de croiser que des prostitués ma foi"

Je levais les yeux.

" Ah oui vraiment ? "

J'ai haussé les epaules ...

" Il manquerait plus que vous soyez gay et je suppose que ma vie est un enchainement de conneries."

J'ai gonflé mes joues. Ma vie c'est de la merde mais je le vis bien. J'ai bu pensant me détendre avec un peu d'eau.

" Et bien ... "

Je lui dis ou pas ? Parce que je veux pas être source de déception, imaginez qu'elle se suicide juste pour ça ? Y'a des gens qui en sont capables de nos jours...

Je le regardais..

"Vous aimez la saucisse c'est ça ? "

Je finissais ma bouteille. J'étais blasée.

Je suis resté quelques secondes sans rien dire... Elle était plutôt franche, je m'attendais pas à ce genre de réponses. J'aurais ris si j'étais encore capable de rigoler aux éclats aux moindres choses.

" Plus ou moins, je m'en fiche un peu, mais j'ai une petite préférence quand même ... "

Tant qu'on s'occupe de moi après tout... Les femmes peuvent être très maternelles alors parfois c'est sympa... Mais je me sens souvent mieux avec un homme, j'aime bien me sentir protégé en fait... Enfin c'est un jugement tout à fait personnel.

" C'est pas contre vous mais .. je vais m'abstenir de dire ce que je pense sur le moment"

Comment trouver le moyen de dire à mon autre ami que je l'apprécie beaucoup mais que j'ai du mal avec le terme gay. Ça commence sérieusement à me tourbillonner à l'intérieur.

" Pas de problèmes. "

Les jugements des autres, ils m'ont atteint pendant longtemps, maintenant de toute façon ça rentre par une oreille pour ressortir par l'autre. Ce que je n'aime toujours pas, c'est le regard des gens, pour ça que je me sens mieux dans l'ombre, un peu à l'écart.

"...Bon faut que ça sorte"

J'ai inspiré grandement et j'ai tout lâché.

" C'est quoi votre manie d'être gay et prostitué ? Choisissez un peu ! Putain! Eh voilà, on est tout gentil et on s'approche des gens qui sont perdu dans leurs têtes pour leur avouer après que vous êtes gay. Woooa, je crise. Oh mais pourquoi pas faire une fête à la sauccisse pendant que vous y êtes. Non mais sérieusement, mettez un tampon et nous faites pas chier."

Effectivement, j'avais peu être le béguin pour quelqu'un qui n'était pas du même ordre que moi.

" ......................... "

Je n'ai pas répondu, j'avais rien à dire après tout. Ce genre de discours on me l'a déjà tenu quelques fois, je me contente toujours de subir, de toute façon je n'aurais pas su quoi répondre.

" Je suis désolée.. c'est pas contre vous. C'est contre moi même."

J'ai reprit mon sac.

" C'est pas toujours forcément un choix. "

Bah ouais, peu importe la personne, ça sert à rien de reprocher ça... Enfin bref, c'est pas comme si j'étais triste ou choqué, ça ne m'atteint plus...

" Non, je suis désolée de mettre lâché sur vous. J'ai juste la poisse."

Pour moi c'était comme une maladie mais je me voyais pas argumenter dessus. Je n'étais pas fière de se ressenti.

" Si tu veux en parler. "

Dès fois, se lâcher c'est ce qu'il faut pour aller mieux. Ca fait longtemps que je l'ai pas fais moi, du moins pas avec de vraies personnes, mais avec les spectres...

" Pourquoi faire... de toute façon, je n'ai plus l'espoir en rien. "

J'étais dans une sorte de sphère de désespoire qui tournait sans cesse et qui vous emmène au fond jusqu'à n'en voir aucune lumière.

" Pourquoi ça ? "

On devrait toujours avoir de l'espoir en quelque chose...

" Les seules choses que je convoite seront toujours à proximité mais inaccessible. "

J'ai passé l'une de mes mains dans mes cheveux pour dégager mon visage.

" Comme quoi ? "

Je m'intéresse rarement aux gens ou alors je fais souvent semblant, mais parfois, je le pense vraiment.

" Que mon ami Gay me remarque. Avoir une chance de récupérer la seule chose de ma vie d'avant qui a été volé par son putain de connard de frère. Que mon passé ne soit pas un poids quand je l'apprendrai, que j'arrive à voler Conrad pour qu'il m'embauche. Pour que j'arrête d'être un putain de monstre qui envoient des lucioles à la con. J'en sais rien, plein de choses qui ne vont pas. "

Putain, mais j'ai vraiment une vie qui pue du cul...

" Hum... "

C'est typiquement le genre de personne qui se torture bien l'esprit avec tout. Je n'ai pas tout compris, j'ai juste entendu le prénom de "Conrad", je le connais vite fait... Elle était du coin du coup, mais bon, je ne savais rien d'elle.

" Tu veux te poser quelque part ? En attendant que tu te sente un peu mieux ? "

".. oh je suis déjà à fond dans le ridicule alors je crois que je vais d'abord me tirer une balle"

Je me suis étirée. Le pire, c'est que personne aurait remarquer mon absence. Je lui souriais.

" C'est pas une très bonne idée... "

Ca ferait du bruit en plus, et les tâches de sang sur le trottoir des putes c'est pas génial... On va croire que les filles ont eu leurs règles c'est débile... Non plus sérieusement, je vais essayer de l'emmener chez moi, histoire qu'elle se reprenne au calme.

" Non mais vous inquiétez pas, je suis capable de me louper."

J'ai rit. Je suis vraiment trop con.

" Tu peux te lever ? "

Je l'observais toujours.

" Ça va, je suis pas handicapée...."

Je me suis levée.

" Suis moi alors... "

J'ai fais quelques pas en vérifiant qu'elle me suivait.

"...Vous allez rien me faire ? Parce que c'est pas une raison de tuer les gens qui n'aiment pas les gays....
Puis la douleur ne me va pas.."

Je me suis légèrement calmée.

" Je t'emmène juste au calme. "

C'est pas mon genre de tuer quelqu'un en plus...

"...Au calme , au calme ou au calme , couic.."

Je me suis avancée vers lui.

"Parce que je suis encore naïve même énervée hein ? "

" Non mais sérieusement... "

J'ai continué d'avancer du coup. Après tout elle pense ce qu'elle veut...

Woooa ce calme, il me fou vraiment la chair de boule ( de poule coquine va).

" ok.."

Je le suivais sans rien dire.

J'ai marché en longeant les murs pour pas croiser la foule et je suis allé jusqu'à mon appartement, sans rien dire. J'ai ouvert la porte.

" Entre.. "

Je regardais la porte.

"......"

" Tu entre pas ? "

J'attendais, les bras croisés.

"si..si"

Je suis entrée.

J'ai refermé la porte derrière nous et je me suis avancé dans le salon.

" Tu veux quelque chose ? "

" Non merci.."

J'avançais doucement. J'étais pas rassurée.

" D'accord, tu peux t'asseoir si tu veux. "

J'ai rangé deux trois trucs vite fait.

Je me suis assise dans un petit coin du canapé (oui il y a un canapé, je l'ai décidé).


" Merci.."

Je me suis assis aussi.

" Tu habites où? "

" À la guilde, j'y suis "

J'ai posé mon sac par terre.

" La guilde... La guilde... Ah oui je vois... "

C'est pas très loin...

".. mais je partirais.. de là.. je n'ai pas ma place là-bas"

Je regardais son environnement. Toujours pas de choses bizarre.

" Pourquoi ça ? "

Je l'observais, elle semblait occupée à regarder l'agencement de mon appartement ...

"..parce-que je n'ai personne là-bas qui me retiens ?"

Je l'observais

" Hum ... "

J'ai arrêté de parler pour réfléchir un peu.

" enfin c'est pas grave"

J'étais gênée sur le coup, je me plaignais sans cesse

" Si tu le dis... "

Je suis allé me servir à boire, j'avais soif moi.

" Eh bien, il y a pas à dire, pour un mangeur de saucisse, vous me foutez vraiment la pétoche. Enfin pour quelqu'un comme vous, je voulais dire.

" Tu as peur de moi? Pourquoi ? "

Je suis revenu avec mon verre mais je suis resté debout.

"... .. J'en sais rien..vous ne souriez jamais..vous n'avez pas beaucoup d'expressions sur votre visage. Un peu comme les tueurs en séries enfin je suppose, j'en connais pas".

OOhhh mais c'est ça, je vais mourir car il est tueur en série. Mais non..

" Ah. Désolé... "

C'est un peu comme si j'avais oublié comment sourire en présence d'autres personnes, depuis assez longtemps.