Je suis entrée dans la salle ou se trouvais Elyas. Quel con.. Je me suis assise sur le bord de son it et j'ai pris sa main entre les miennes.

- T'es vraiment.. Mais vraiment con Elyas..

Il avait les yeux fermés, surement encore en train de dormir..

Ma main était froide, je le savais ... Mais en même temps, c'était un peu normal, étant donné qu'elle était du côté de la prothèse. J'ai essayé de remuer les doigts, pour lui dire que ça allait, mais je n'ai réussi qu'à serrer sa main ... En espérant pas lui avoir fait mal avec mon trop de force de ce côté là. J'arrivais pas à ouvrir les yeux, et pourtant, j'avais l'impression d'aller plutôt bien. Comme un lendemain de cuite, quoi.

J'ai souri quand j'ai senti sa main broyer la mienne. Il m'entendais, c'était déjà bien.

- ... Je vais appeler Keiran..

Keiran.. Sans doute un des fugitifs les plus recherchés, le seul que je laissais filer à chaque fois en le couvrant. J'ai plongé ma main libre dans ma poche pour trouver mon téléphone.

Le prénom m'a fait l'effet d'un électrochoc, me sortant de ma torpeur. Cependant, une seconde après, j'avais oublié ce qu'elle avait dit, et pas moyen de m'en souvenir. Alors je l'ai juste regardée, me demandant ce qu'elle faisait sans poser la question.

- T'as quoi au sourcil ? Tu ... Peux me rappeler ce que je fous là ?

Je n'aimais pas admettre quand j'avais des absences, mais là ... C'était le vide.

Je l'ai regardé en rigolant. J'ai lâché mon téléphone pour lui tirer la joue.

- Monsieur à encore voulu jouer les héros, et voilà le résultat!

J'ai lâché sa joue qui virait au rouge. J'ai repris le téléphone et j'ai appelé.

Je l'ai regardé, intrigué.

- Développe ? ça arrive souvent ça, je viens toujours à ton secours, damoiselle en détresse ~

Enfin, quoi qu'il me soit arrivé, c'était mieux que ça m'arrive à moi qu'à elle. Si elle avait qu'une coupure à l'arcade, c'est que j'avais bien fait mon job.

- Tu fais quoi ?

- Que je développe quoi? Le fait que tu m'ai sauvé? Enfin je m'en serais sortie toute seule mais il faut toujours que tu ramène ton gros derche~

Je lui ai tiré la langue et j'ai écouté le téléphone sonner.

- J'appelle Keiran.

J'ai haussé les épaules, ce qui m'a fait un mal de chien. J'avais tellement mal partout que je savais plus où j'avais mal, et donc comment faire pour ne pas avoir plus mal.

- Encore ce besoin d'être le centre d'attention !

Quand j'ai vu qu'elle appelait Keiran, j'avais envie de lui raccrocher son téléphone moi même, mais je ne pouvais pas vraiment bouger. J'ai chuchoté :

- Fais pas ça, il va s'inquiéter à mort !

Je me suis levée et j'ai marché le long de la pièce, puis je mesuis tourné et j'ai continuer.

- Chuuut...

J'ai commencer à faire une série d'aller retours.

- Oui Keiran? C'est moi~

J'ai regardé Elyas en souriant. Je savais que ça l’embêtait, mais si je ne le prévenait pas, Keiran allait débouller dès qu'il allait apprendre la nouvelle, et il allait lui faire la peau~

Décidement, il n'y avait aucune reconnaissance ! Je lui sauvais plus ou moins la peau, avec mon gros derche, et elle pouvait pas m'accorder une toute petite faveur !

- Espèce d'ingrate.

Je lui aurais dit, mais de toute façon il allait débouler et s'il me voyait là dans cet état, et avec mes absences, il allait s'inquiéter. D'ailleurs, alors que je l'écoutais parlé, je me suis demandé pendant presque une minute avec qui elle pouvait bien parler, avant de m'en rappeler.

J'ai posé ma main sur le micro de mon téléphone.

- Moi aussi je t'aime~

Je l'ai recollé à mon oreille, toujours en marchant.

- Non non.. Il va bien..

Je l'ai regardé.

- Enfin j'crois. Tu vas bien Elyas, pas vrai?

J'ai tendu le téléphone devant sa bouche.

J'ai fait un grand sourire pour que ma voix sonne plus crédible :

- Oui, bien sur !

Non, ça n'allait pas bien. J'avais du mal à trouver des endroits où je n'avais pas mal. Mais je ne voulais en aucun cas que Keiran s'affole. Et puis, j'avais du quand même faire quelque chose de bien, même si je m'en souvenais pas tellement, elle devait avoir eu besoin d'aide, alors ça valait le coup. C'aurait été encore plus douloureux de la voir elle dans cet état.

Dans le téléphone, quand je l'ai recollé à mon oreille, Keiran était en train de gueuler tout un tas d’insanités, j'ai raccroché.

- Entre nous Elyas... Ta vraiment une sale gueule quand tu te force à sourire~

Et j'ai rigolé, un peu.

Je l'ai regardé un instant, fronçant les sourcils.

- Elyas ...?

Et après un instant vachement long, je me suis rappelé que c'était mon prénom. J'ai pouffé de rire, parce que franchement, ça allait plus là.

- Entre nous, j'ai vraiment une sale gueule tout court.

Et j'ai essayé de pas rire, parce que ça faisait un mal de chien.

- La vache, j'ai vraiment besoin d'une clope.

- Mais non, t'es choupinet quand tu le veux! Bon.. Pas la.. Mais tu peux~

J'ai fouillé dans les affaires que j'avais récupérés et j'ai sortie une cigarette du paquet.

- Un clope, c'est mieux~ Et ça sonne mieux~

Je l'ai posé entre ses lèvres, allumant le briquet au bout de celle-ci.

J'ai fermé les yeux, profitant du tabac ; même si là où on était, ça m'aurait étonné qu'on aie le droit, et qu'il y ait pas de détecteurs. J'ai marmonné :

- C'est dans ces moments là que j't'aime !

Je l'ai regardé avec un très léger sourire.

- Et pour Keiran ? Il s'est pas trop inquiété, ça va ? Je te préviens, je dirais que c'est ta faute, pas la mienne si je suis là ~

Et je lui ai fait un clin d'oeil ; je plaisantais, on savait tous les deux que c'était pas sa faute. Mais bon, je préfèrais que Keiran l'engueule elle que moi, dans un élan de lâcheté.

- J'en prend la responsabilité~

J'ai regardé en l'air, le plafond puis les murs.

- souffle la fumée à droite si tu veux pouvoir la finir. Enfin je garantie rien.. Pour Keiran? Il a commencé à gueuler, j'ai raccroché~

Ca allait surement l’énerver un peu.. Ou les énerver un peu, mais.. Pas grave~

J'ai fait comme elle me le disait, souffler la fumée à droite.

- Sinon, j'ai eu quoi exactement ? J'ai l'impression qu'on m'a broyé dans un mixeur ...

Je crois que la plus gênante, c'était cette douleur persistante, qui remontait dans toute ma jambe à partir de ma ... Cheville ?

- Je me suis pété la cheville, nan ?

C'était une des seules douleurs dont je savais d'où elle provenait.

- T'avais deux balles dans le torse et une dans la cheville.. Les médecins les ont retirées..

Je me suis de nouveau assise. J'ai regardé par la fenêtre.

- N’empêche.. T'es vraiment con.. Le corps humain n'a jamais été un bouclier.. Il n'est pas conçu pour. Alors si tu recommences, c'est moi qui te tirerais dessus !

Je lui en voulais de s'être mit dans cet état pour moi, même si je lui en étais aussi vraiment reconnaissante..

J'ai hoché la tête, même si ça me faisait mal, il allait falloir que je me force pour bouger un peu, vu que je voulais être ressorti le lendemain au plus tard.

- Je suis tout à fait d'accord. Mais je suis pas tout à fait humain, jsuis en métal ! Dans la poitrine ... Si toi tu les avais prises, les balles, ça aurait été plus grave. Et puis, tu as déjà pas de seins, ils auraient du te les charcuter en plus !

J'ai éclaté de rire, ce que j'ai regretté une seconde après, vu que tout mon corps était secoué et que ça faisait très mal. ça valait le coup, quand même !

Je l'ai regardé, un peu comme si j'allais le tuer..

- J'ai pas de seins parce que je fais beaucoup de sport, parce que c'est pas pratique, et parce que c'est surtout utile pour avoir des gosses, chose que je n'aurais jamais.

Je me suis levée et j'ai ouvert la fenêtre avant de m'y appuyer en regardant dehors.

- Dis moi si t'as froid.. Mais quelqu'un va finir par sentir la fumée.

Sa réponse carrément sur la défensive m'a encore plus fait rire ; ce qui était encore plus mauvais.

- Je rigoles ma belle ! Cela dit, je t'imagines bien avec des gosses ...

Et re-fou rire. Ce coup là, j'ai manqué de m'étouffer et j'ai cru que j'allais en crever tellement je rigolais et tellement ça faisait mal. J'ai finit ma clope, bougeant mon bras pour l'écraser sur le poignet de ma prothèse ; ce qui était pratique quand on a pas de cendrier.

Quand il s'est mit à rire, je me suis retenue de m’énerver. J'ai inspiré profondément et expirer. Calme.
Puis il en a rajouté une couche et s'est mit à rire de plus belle. S'il n'avait pas été blessé, ça lui aurait au moins valu un nez pété.
J'ai traversé la pièce, je suis sortie en claquant la porte derrière moi. Je me suis adossée au mur à coté, c'était pas sa faute après tout.

Je l'ai regardé sortir, levant les yeux au ciel avec un sourire. Si on a même plus le droit de rigoler. Et après deux minutes qu'elle était partie, je me suis rendu compte que peu à peu, j'étais en train d'oublier qu'elle était là deux minutes avant. Ils me droguaient, ça expliquait pas mal de choses. J'ai arraché la perfusion ; ça ferait plus mal, mais au moins je me souviendrais un peu plus de ce que je faisais. Et puis, j'en profitais que Jun était pas là, sinon elle m'aurait engueulée.

J'ai attendu une bonne demi heure, assise par terre dans le couloir. J'avais pas spécialement envie de bouger, mais à chaque fois que quelqu'un passait, il me dévisageait, et ça avait tendance à m’énerver.
Je me suis donc levée et je suis retournée dans la chambre, à la fenêtre.

- Si tu ne remets pas la perf', c'est moi qui te la remettrais, et crois moi, ça risque de pas t'amuser.

J'ai ronchonné.

- ça m'abrutis, ce truc. J'ai pas envie de le remettre ...

Je l'ai regardé, à la fenêtre. J'avais envie de me lever. Une demi heure et ç y est, je ne tenais absolument plus.

- Je pourrais sortir quand ?

- Remets le je te dis.

J'ai pas bougé, je ne l'ai même pas regardé.

J'aurais voulu croiser les bras, mais je pouvais pas. Je comptais pas obéir pour autant ; qu'on me parle sur ce ton, très peu pour moi. Et elle me connaissait assez bien pour savoir que j'allais pas céder, aucune chance si elle s'y prenait comme ça. Certes j'étais facilement manipulable, mais pas docile au point d'obéir comme un chien.

Je me suis retournée et je suis allée remettre la perfusion en place.
Je ne l'ai pas regardé.

- Elyas... Quand je disais que je pouvais pas avoir d'enfants, c'était pas une blague, alors évite de te marrer pour n'importe quoi..

Je l'ai regardé un long moment, et je l'ai laissée faire. Et puis je l'ai prise dans mes bras, pour lui faire un calin. C'était très douloureux, mais c'était nécéssaire.

- Je suis désolé, ma belle. Je pensais juste que tu n'en voulais pas.

Remarque, j'en ratais pas une. Je l'ai regardée, avec un petit sourire désolé.

- Tu veux bien me pardonner ?

Je détestais savoir que je lui avais fait de la peine. C'était affreux, comme sensation, bien plus que la douleur du calin qui appuyait bien sur les plaies trop profondes.

Après avoir remis sa perf en place, je l'ai laissé me prendre dans ses bras, j'en avais besoin de toute façon.

- J'ai rien à te pardonner, tu pouvais pas savoir.

Je me suis redressée et j'ai relevé un peu mon t-shirt pour lui montrer une cicatrice qui partait des reins et descendait bien plus bas.

- Un mauvais souvenirs~

J'ai regardé sa cicatrice, puis j'ai enlevé ce que j'avais sur l'épaule, découvrant ma prothèse sans son aspect chair. Des tubes transperçaient ma peau à partir du biceps. C'était pas le genre de prothèse qu'on enlevait et qui faisait un moignon ; c'était implanté directement dans ma peau, et les tubes courraient jusque bien au delà de l'épaule. C'était ce que je détestait le plus.

- Moi, c'est ça, mon plus mauvais souvenir. Il est sûrement moins mauvais que le tien ...

Enfin, il n'y avait pas que mon bras, dans ce souvenir était englobé beaucoup plus de pièce que mon bras seule. Maintenant, j'étais fait de métal à 28 %. C'étaient ces 28 % mon plus mauvais souvenir.

- Hey.. T'es pas obligé de me montrer.. Je sais ce qui c'est passé cette nuit la..

Je ne sais plus si je lui avais déjà dit que j'étais sur place, le jour ou ils l'avaient ramassé à la petite cuillère. M'enfin..

- C'est différent.. Très différent~ Mais ce qui est sur, c'est que dans la vie de tout les jours, c'est toi le plus handicapé, moi j'ai juste rangé le bikini~

Je n'arrivais pas à me souvenir si je lui en avais déjà parlé. Sur et certain, je lui avais pas montré. A part Keiran, je l'avais jamais montré à personne.

- Moi j'ai rangé tout ce qui a pas de manche !

J'ai sourit, amusé. J'en rigolais, aussi bien que du reste. Je n'avais plus de main droite ? Et puis ? J'en avais pas tant besoin que ça. ça m'avait appris à être ambidextre, cette histoire.

- Depuis le temps, j'arrive même à écrire avec ce truc. Et puis les gens qui me font une clé de bras tombent généralement par terre aussi. ça a des avantages.

J'ai souri.

- T'es con quand tu t'y mets..~

Je ne lui avait peut être pas tout dit.. Mais c'était pas non plus le moment de me mettre poil. Et puis bon, c'était assez pour aujourd'hui.
J'ai regardé mon téléphone qui sonnait.

- Hm.. Keiran...

Je l'ai regardé avec un très grand sourire. Evidemment que j'étais con ; j'étais capable de tourner n'importe quoi à la rigolade, surtout quand ça me concernait. Pour les autres, j'évitais, même si je l'avais fait accidentellement. J'ai regardé son téléphone :

- Tu réponds pas ?

- Si..

J'ai pris le téléphone est j'ai décroché. Au téléphone? Ce n'était pas Keiran, mais un gamin de sa cité. J'ai regarder Elyas en écoutant le petit.

- D'accord.. Merci, j'arrive.

J'ai raccroché et j'ai rangé mon téléphone dans ma poche.

- Hm.. C'était pas Keiran.. Un enfant.. Il m'a appelé puisque j'étais le dernier numéro qu'il avait.. Enfin il a des problèmes avec.. La drogue.. Il faut que j'y aille.. To, repose toi !

J'ai récupéré mes affaires.

J'ai hoché la tête.

- D'accord, mais fais attention à toi ! Parce que je serais pas là pour sauver tes fesses ~

Je la laissais partir alors que je n'avais pas du tout envie de rester seul ici. Enfin, elle avait mieux à faire, c'était normal ; et moi, je m'en irais sûrement peu de temps après. fallait que je trouve un moyen de m'enfuir de là. Peut être la fenêtre.