On était Jeudi, dans l'après midi. Je n'avais pas encore beaucoup de clients. En général, ils arrivaient tous le soir. J'avais, cependant, déjà viré deux ou trois ivrognes. Ils voulaient se battre dans ma taverne... Et puis quoi encore ?! Je ne supportait pas ça !
Je servais les gens, rhum, whisky, bière... Tout ce qu'ils voulaient... Plus le client est satisfait, plus il donne de pour-boire alors moi ça m'arrange ! Non pas que j'ai besoin d'argent, mais ça fait toujours plaisir de ce dire que ses efforts sont récompensés. Ah oui ! Des efforts j'en fais ! Certaines personnes mériteraient des bonnes paires de claques. Enfin bref... J'attendais que le temps passe, que les clients arrivent, qu'ils commandent à boire. Comme à mon habitude je ne parlais pas.

Je n'avais pas passé une mauvaise journée. Les journées ne sont jamais mauvaises pour les gens qui comme moi, voient toujours le verre à moitié plein, et se contorsionnent même pour regarder le verre d'en bas, et le voir carrément plein.
J'avais fait quelques emplettes dans le marché noir du Sud, qui ne proposait pas les mêmes produits que le mien, et j'avais fini dans cette taverne, profitant un peu de mon semblant d'anonymat ici. A l'Ouest, comme je suis considéré comme l'héritier du trône, peu de personne ne me reconnaissent pas. Evidemment, je me suis assis au comptoir, juste à côté d'une belle jeune femme, et juste en face de la tavernière, qui était aussi loin d'être laide.

- Me voilà bien entouré ! Une bière, s'il vous plait ~

Voyant la jeune femme à côté de moi qui regardait les boissons, je la regardai avec un sourire.

- Je peux t'offrir quelque chose à boire, miss ?

D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours été aussi sociable, avenant. Mon père m'avait élevé comme ça, je suppose.

Deux nouveaux clients étaient arrivés, une femme avec trop peu d'argent peur se payer quoi que ce soit ici, et un homme. Je levais les yeux au ciel et soupirait lorsqu'il fit sa remarque sur son bon entourage.. Alors quoi ? Les hommes étaient ils décidément tous pareils ? J'haussais les épaules, après tout, tant qu'il payait je m'en fichais pas mal... Je lui servi donc ça bière, sans aucun sourire, sans aucun geste d'affection.

- Voila pour vous...

J'ai relevé la tête et les ai regardé tout les deux. J'avais vraiment l'air d'être si dans la dèche que ça..?

- Je.. Non, merci..

J'ai regardé la tavernière qui n'avait pas l'air super aimable, en repensant à ce verre que je venais de refuser, simplement pour ne pas blesser mon orgueil. De toute façon, je ne savais pas encore comment faire pour revenir en arrière, alors j'ai laissé de coté l'idée de boire un coup. Une prochaine fois..

Ouah. La tête de la tavernière était juste légendaire. Décidément, l'ouest et le sud étaient des régions très différentes. Dans l'Ouest, on avait un peu plus le sens du commerce, on tirait pas une tronche longue comme le bras en servant à boire. Je me suis demandé si la jeune fille ne regrettait pas son refus, alors je lui ai sourit :

- Tu me donnes ton prénom, miss ?

C'est bizarre. Je suis toujours gentil, même quand on est malaimable avec moi, et je ne fais que très rarement les choses dans le but de draguer. Je suis certainement étrange.

Je m'adossais au mur et sortit une cigarette. Ici, les gens pouvaient fumer, je m'en fichais et moi même je ne m'en privais pas. J'ai regardé la femme.

- Si vous voulez, vous pouvez payer plus tard. Mais que ça ne devienne pas une habitude.

Je ne proposais jamais ça d'habitude et me suis surprise moi même. M'enfin bon... Je la voyait regarder les boissons depuis un moment et elle me faisait un peu pitié.

Je l'ai regardé, avant de répondre à sa demande

- Jun..

J'ai regardé la tavernière d'un air pas forcément très agréable

- Remballez votre pitié, je n'en ai nullement l'utilité.

A force de traîner dans les réseaux mafieux, je perdais tout sens moral.. J'avais de plus en plus de mal à faire la différence entre le mal et le bien.. Mépriser les autres, c'était devenu normal, et essentiel dans le milieu ou je bossais.. Sauf que la.. J'étais en pause.. C'était dans ces moments la ou je me disais qu'il fallait que j'arrête ce job. Je perdais tout, à commencé par ma propre identité.

Je les ai regardé tour à tour, avec un grand sourire, avant de déclarer :

- Allons allons, ne vous disputez pas ! Un sourire est souvent la solution ~

J'avais l'impression d'être un professeur pourri de relaxation. J'ai tout de suite pouffé de rire. Comment un blaireau comme moi avait pu devenir dirigeant de ce qui représentait l'Ouest ? Comment un démon hargneux avait pu devenir un blaireau comme moi ? Tant de questions sans réponses ... Je dois dire, c'est agréable d'être un blaireau. Mon sourire invite les autres au partage, c'est ce que j'aime ; du coup, je souris très souvent.

J'haussais les épaules. Elle n'en voulait pas ? Et bien tant pis ! Je n'était pas du genre à supplier les gens.
Puis j'ai regardé l'homme, un petit sourire amusé aux coins des lèvres. Il me faisait marrer avec sa bon humeur, et ses sourires, et sa gentillesse et.... Je n'avais pas tout à fait remarqué que je souriais. Je soupirais longuement, tirant un coup sur ma cigarette.

- On ne résout rien avec un sourire.

Ben quoi ? C'est vrai ! Il est mignon lui mais il faut que quelqu'un lui dise que les petites licornes et les conte de fée ça n'existe pas hein... Il n'y a que dans les histoires pour gosses où la solution c'est le sourire.

Désolée je m'incruste ^^'


La journée passait si lentement et personne ne venait à la boutique. Comment voulez-vous que les gens aient la tête à acheter des poupées ? Vendues par un démon qui plus est ... bonjour la crédibilité !
Même si j'avais des remords d'avoir fermé si tôt, il fallait que je m'aère l'esprit. J'entrai donc dans la taverne, pressée de diluer mon sang avec un peu d'alcool. Je m'assis au comptoir en regardant la jeune tavernière parler à deux personnes, un homme et une femme. Il était marrant avec son sourire, mais elle, elle n'avait pas l'air bien enjouée. Je les contemplais, la tête reposant sur mes mains. Je les enviais de parler si simplement alors que mes relations étaient entachées par mon caractère sanguin.

Spoiler:

J'ai regardé la nouvelle arrivante, avec un petit sourire.

- Me voilà en très bonne compagnie, dites moi ~

En plus, la tavernière avait sourit, ce qui me paraissait incroyable. J'ai tourné la tête vers la jeune femme qui venait de s'installer.

- Alors, quel est ton prénom, miss ?

J'ai regardé les jeunes femmes qui m'entouraient. Je souriais, parce que j'étais bien, en fait. Je n'étais pas vraiment un grand séducteur, ni quoi que ce soit. J'ai toujours été sociable, d'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours su mettre à l'aise les gens que j'approche. Même la tavernière m'avait sourit !

- Moi, je continue à penser que le sourire est un remède à tout ~

Je relevai un peu la tête. Ce jeune homme m'avait parlé sans peur et avec le sourire ! D'habitude on ne s'adresse à moi que par nécessité. En même temps je ne suis pas très sociable. Pourtant il m'avait l'air bien sympathique et une seule phrase tournait dans ma tête. " Ne pas détruire, ne pas détruire, ne pas détruire ", voilà ce que je me répétais. Je le regardai alors et dis, peu sure de moi :


- Timéa. C'est mon nom ...

J'ai regardé moi aussi la nouvelle cliente.

- Je vous sert quelque chose ?

Puis j'ai regardé l'homme à nouveau... Il ne nous avait pas dit son nom. Ceci dit je ne lui avait pas dit le mien non plus. Je m'approchais de lui et lui donnais une petite tape sur la tête. Puis me reculais.

- Tu es d'une niaiserie...

Je soupirais et finissais ma cigarette avant de la jeter.

Mon regard se tourna vers la jeune tavernière. Elle était drôle avec ses cheveux courts qui lui donnaient un air un peu mutin et sa cigarette à la main. Étrange contraste. Je parcouru alors les bouteilles du regard. Je n'étais pas douée pour retenir les nom.

- Votre alcool le plus fort s'il vous plait.

La petite nouvelle ... Timéa, semblait timide. Je l'ai évidemment regardé avec un immense sourire, avant de réfléchir au fait que moi, je ne m'étais pas présenté.

- Moi, je m'appelle Lorcan ~

Je n'ai pas pris la peine de donner mon nom de famille, qui était plutôt connu ; même si les deux jeunes femmes venaient certainement du Sud. Je suis surtout connu comme le loup blanc à l'Ouest. L'héritier du roi, ce n'est pas rien.
Puis j'ai tiré la langue à la tavernière.

- Et je pense que la niaiserie c'est pas mal !

Lorcan... Je le regardais une seconde et mon regard fut immédiatement attiré par ses yeux. Ils étaient joliment dorés et entourés d'une étrange marque rouge. J'essayais de ne pas paraître trop insistante, mais il faut dire que ça n'était pas commun. Je me forçai à détourner le regard avant de dire un peu timidement :

- Enchantée

J'avoue avoir été surprise quand Timéa m'a demandé mon alcool le plus fort. Je ne m'attendais pas tellement à ça... Physiquement elle paraissait fragile. Je l'ai regardé pour être sûre puis lui ai servi son verre.
Lorcan était vraiment un gamin... Du moins il se comportait tout comme. Je me suis assise, l'ai regardé puis j'ai sortit un couteau et l'ai posé devant moi.

- J'te coupe la langue la prochaine fois.

J'avais dit ça sur un ton très sérieuse mais je ne l'étais pas du tout !

J'ai sourit à Timéa et ai trinqué avec elle, même si j'avais déjà commencé ma bière. J'étais habitué à ne pas trop boire, parce qu'il fallait toujours avoir l'esprit clair pour prendre des décisions.

- Moi aussi je le suis.

Contre toute attente, en voyant le couteau, je l'ai pris et ai commencé à jouer avec, sourire provocateur aux lèvres.

- Je ne pense pas que tu puisses faire ça. On va pas commencer à se battre ici, non !

Evidemment, moi aussi je rigolais. C'était rare que je me battes, sauf avec mes hommes, parce qu'il fallait bien que j'aie un peu d'autorité, et qu'avec mon sourire, c'était pas gagné.

Je regardai la tavernière et la remercia. J'avais bien vu qu'elle était surprise... Ai-je l'air si fragile que ça ? Comme quoi mon caractère ne collait pas du tout avec mon physique.
Avant d'empoigner mon verre, je rajustai mes mitaines. Je n'avais pas envie de faire bouillir mon verre. Très peu pour moi.
Je trinquai avec Lorcan et, amusée, le regardai jouer avec le couteau tout en me répétant la phrase qui ne me quittait pas dès que j'avais de la compagnie. " Ne pas détruire , ne pas détruire ... "

J'ai fait craquer mes doigts, ma nuque et mon dos. Je le regardais, tête penchée et sourire en coin aux bords des lèvres. Me battre ne me dérangeait pas. Enfin si, je voulais pas qu'on se batte dans ma Taverne.

- Joues pas avec ça tu vas te blesser

Sans m'en rendre compte j'ai sifflé comme un serpent.
J'ai regardé les mains de Timéa, en me demandant pourquoi elle gardait ses mitaines alors qu'il faisait assez chaud.

Je lui ai tiré la langue et ai continué à jouer avec, le faisant passer entre mes doigts comme un vulgaire stylo.

- T'inquiètes, il est pas assez affuté pour que je perde un doigt, c'est le principal ~

J'ai ensuite tourné la tête vers Timéa.

- Est ce que tout va bien, miss ? Tu as l'air ailleurs, quelque chose te tracasse ?

Elle semblait vraiment dans ses pensées ; après, peut être qu'elle n'avait tout simplement pas envie de parler, c'était possible. Moi, je parlais tout le temps, je ne pouvais pas comprendre ça.

Spoiler:

Sentant le regard de la tavernière je mis mes mains sous la table. J'avais l'air ridicule avec mes mitaines en plein été, mais c'était plus que nécessaire.
J'ai regardé Lorcan. Il faudrait que mon instinct cesse. Je suis toujours concentrée pour l’empêcher de surgir et ça commence à se voir. J'ai simplement répondu avec un léger sourire.

- Non tout va bien merci.

Puis j'ai regardé la tavernière et le couteau

- Elle a raison. Tu vas te blesser.

Spoiler:

Je lui ai reprit le couteau des mains quand je me suis aperçu qu'il était gravé à mon nom et l'ai rangé directe. J'avais pas spécialement envie qu'ils connaissent mon nom. On était pas amis après tout. J'ai été servir une autre table puis j'ai regardé Timéa.

- J'ai toujours raison trésor ~

J'ai rit, très légèrement.

J'avais remarqué la raison pour laquelle elle avait repris le couteau, il y avait des lettres dessus.

- Tu ne veux pas nous dire ton prénom, miss ? Pour garder le côté professionnel ?

Pourtant, elle avait l'air de se dérider un peu, elle avait même rit ; et je n'aurais pas parié là dessus en entrant. J'avais l'impression que les relations même entre les gens étaient différentes dans le Sud. Ou alors était-ce moi qui n'étais pas habitué à quitter ma zone de confort. J'ai sortit mon propre couteau pour jouer avec.

Elle n'était pas banale ! Tous les gens ici ne l'étaient pas d'ailleurs.
J'avais ressorti mes mains pour boire un peu de ma boisson. Elle était restée telle qu'elle, bien fraîche,  et ça devait être une des premières fois que ça m'arrivait.
Lorcan avait sorti un autre couteau. Décidément il n'avait pas peur de perdre un doigt.

- Tu devrais quand même faire attention.

J'ai secoué la tête.

- Non. C'est pas pour le côté professionnel mais t'es pas mon ami alors t'as pas besoin de savoir comment je m'appelle.

J'ai regardé Timéa et j'ai soupiré à propos de Lorcan.

- Un vrai gamin...

Un instant, j'ai perdu mon sourire. Vexé ? Oui ... Sûrement. ça n'arrivait que très très rarement.

- Okey ... Pas la peine d'envoyer chier ses CLIENTS !

J'avais juste fortement insisté sur le mot, puisqu'on était que ça, et je me suis tourné vers Timéa, lui tournant à moitié le dos. En effet, pire qu'un gamin, mais c'était plus fort que moi. Je supportais mal qu'on aie une attitude aussi froide. J'ai regardé les mitaines de Timéa, retrouvant mon sourire, avec la curiosité d'un chat. Peu à peu, sans se faire remarquer, la forme de ce qui ressemblait à des tatouages autour de mes yeux avait changé.

- Tu mets des mitaines pour faire joli ?

Je regardai la tavernière. C'est vrai que ce n'était pas son ami mais tout de même... On voyait que Lorcan était vexé.
Je le regardai. Il venait de poser la question que je redoutais. Je n'aimais pas parler de mon pouvoir. Certes, ce n'était pas d'une grande importance, mais j'avais un problème avec ça ... Cependant, loin de moi l'idée d'inventer une histoire douteuse.

- Nan.. c 'est ...

Voyant qu'il ne restait qu'un fond d'alcool dans mon verre , j'enlevai mes mitaines et passa mes mains autour du récipient. Le liquide se mit alors à bouillir, puis se glacer, puis bouillir à nouveau.

- ... pour éviter ça.

Mais quel abruti celui là ! Qu'il se vexe tien ! Je m'en fiche. Je n'allais pas lui mentir et lui dire qu'on était les meilleurs amis du monde ! Ouai vive les licornes ~ Et puis quoi encore... Je l'ai regardé, blasé.

- Je t'ai pas envoyé chier.

Il voulait jouer à l'enfant ? Qu'il joue tout seul. J'ai vingt-sept ans, je suis trop vieille pour ces conneries. Je me suis éloignée de lui, me rapprochant donc de la fenêtre pour fumer... Oui encore.
Je fronçais les sourcils en voyant Timéa faire son truc étrange... Qu'est ce que c'était ?!

J'ai fait la moue. Elle m'énervait, alors je décidai de me tourner vers Timéa, quand elle fit bouillir son verre. Mes yeux s'écarquillèrent de stupeur, tandis qu'un sourire se dessinait sur mes lèvres.

- Alors ça, c'est trop génial !

J'ai regardé autour de moi quand même.

- Mais, miss ... Fais attention à qui tu montres ça ... Il n'y a pas que des gens biens ~

Je ne me prenais pas pour une personne bien, mais au moins j'étais tolérant ; je n'allait pas la juger alors que j'étais pareil.

Je regardai autour de moi. Il avait raison. Et je sentais déjà des regards appuyés. Rapidement je remis mes mitaines.

- Oui .. tu as raison

Puisqu'il m'avait interrogé  pouvais-je moi aussi me permettre de le questionner ? Sa marque m’intriguait tellement que je ne perdis pas de temps

- D'ou viennent... ces marques autour de tes yeux ?

J'observais un groupe d'hommes un peu plus loin. Ils regardaient Timéa avec un peu trop d'insistance. J'aimais pas ça... Pas du tout. Ça aurait été Lorcan, je m'en foutrai, lui c'est un mec.

- Qu'est ce que vous regardez ?!

Ils détournèrent leur regard vers moi. Ah ! Ça non plus j'aimais pas ! Du coup, je me suis avancée vers eux, bien énervée, deux trois claques dans leurs tronches... Deux trois dans la mienne au passage... Et je les ai flanqué dehors. Non mais oh ! C'est qui le patron !
Ensuite, je suis retournée à ma fenêtre pour finir ma cigarette en regardant dehors.

J'ai fait non de la tête en la voyant faire. Elle était vraiment... Belliqueuse. Elle créait des conflits, chose que je détestais.

- Est-ce ta seule façon de régler un problème ...?

J'en avais des dizaines d'autres. C'était fou ce qui était possible avec un peu de charisme.

J'ai regardé Timéa, qui serait néanmoins plus à l'aise si on ne la remarquait pas.

- Je t'aurais répondu, si j'avais su moi même ... Je les ai toujours eu. Elles sont toujours en mouvement.

Après quoi j'ai tendu la main, voulant lui montrer autre chose, parce que je ne voulais pas qu'elle se dise que je ne dévoilais rien sur moi. Un espèce de liquide brillant comme du pétrole remplit ma paume, et elle bougeait. Rapidement, elle forma une mitaine. J'étais devenu doué dans le maniement de cette matière, je lui donnait la forme qui me plaisait. J'ai tendu la mitaine à Timéa avec un sourire. Elle était en une espèce de silicone très fin et très résistant, au toucher.

Je me retournai une fois de plus. Je n'avais pas bien compris ce qu'il se passait et j'étais de plus en plus mal à l'aise. Je regardais la tavernière. Elle était forte, c'était impressionnant.
Mon regard se posa à nouveau sur Lorcan. Je le regardais faire sa manipulation.
Cette substance était vraiment étrange... J'attrapai la mitaine qu'il me tendait, ébahie par ce que je venais de voir. Il était comme moi finalement.

- Wahou....

J'observais consciencieusement la mitaine.

- Elle est superbe ! On est ... de la même espèce... je me trompe ?

Je réfléchis longuement. Si je disais oui, je m'en prendrais plein la tronche, si je disais non je mentirais. Alors je n'ai tout simplement pas répondu. Je suis restée là sans rien dire, pendant un moment, je me suis contentée de les écouté parler. J'étais mal, je ne sais pas pourquoi mais je l'étais.

J'ai longuement regardé la tavernière. Visiblement, la réponse était oui.

- Un autre jour, je te montrerais comment gérer un problème sans violence ... Et avec un sourire !

Après quoi j'ai regardé Timéa, avec un sourire.

- Peut être ...

Je référais ne pas être formel, parce que j'avais de plus en plus de mal à reconnaître les auras démoniaques. Mais elle semblait venir du même endroit que moi.

Peut-être avais-je fait une erreur. Ce qu'il venait de me montrer ne laissait guère de doute sur son espèce mais... quelque chose gênait. Mon malaise était de plus en plus prenant.

- Peut-être ?

J'ai souri, vraiment. Un vrai sourire. Mais heureusement, lui il ne pouvait pas le voir, il était dos à moi puisque monsieur Lorcan boudait.

- C'est ça... Si tu reviens un jour, ou si je te laisse entrer...

J'ai rit, pas très fort pour qu'ils n'entendent pas. Ensuite je me suis rapprochée d'eux, j'ai ressortit mon couteau gravé et l'ai posé sur la table face à eux, inscriptions visibles.
Comme j'avais d'autres clients, je faisais des aller et retour entre les tables et le comptoir.

Je me suis mis à sourire, parce que le sourire ... D'Isiel s'entendait dans sa voix.

- Et bien, Isiel ... Si je reviens, ce sera pour ta compagnie ! J'habite moi même dans un bar, tu sais ~

Après quoi j'ai regardé Timéa ; je ressentais son malaise, ça aussi ça se sentait dans sa voix. Je n'aimais pas que les gens soient mal à l'aise avec moi.

- Je suis un démon.

Je l'avais dit à voix basse, évidemment.

Je regardai le couteau. Isiel.... quel beau nom ! Sur d'elle et avec un nom pareil... quelle chance ...

Mon regard se posa à nouveau sur Lorcan. J'essayais de ne pas sourire mais j'étais contente qu'il me l'ai dit.
Il l'avait dit à voix basse. Il était surement plus conscient des dangers que moi....

-J'en étais sûre ...

Je me suis assise en face d'eux, cachant ma main sous le comptoir. Je grimaçais en entendant mon prénom. On aurait dit mes parents qui m'appelaient.

- Pour ma compagnie ? Ben voyons ~

J'ai sourit légèrement. Je crois que je commençais à les apprécier tous les deux et je dois avouer que ça ne plaisait pas tellement. L'idée d'avoir des amis me faisait très peur.

- Ah oui ? Moi je suis du Centre

J'ai du dire ça un peu trop fort, plusieurs personnes se sont retournés pour me regarder. Je soupirais.

J'ai sourit à Timéa. Elle avait l'air toute petite et vraiment timide. Un caractère inattendu pour une démone. Curieux, je lui demandai :

- Est ce que j'ai toujours une aura ? Depuis le temps ...

Après quoi j'ai regardé Isiel, avec un sourire. Elle se déridait un peu.

- Du Centre ? Tu vois, normalement je n'aime pas les gens du Centre, et pourtant, je t'aime bien !

J'ai tourné la tête vers mon autre interlocutrice.

- Et toi, où tu habites ?

Je le regardais. Il était étonnant.

- Oui mais elle vraiment faible....

Je levai les yeux vers Isiel. On voyait bien qu'elle était du centre. Enfin, c'est toujours comme ça que j'avais imaginé ces habitants. Forts et surs d'eux.
Je regardai à nouveau Lorcan avec un léger sourire.

- Moi je suis d'ici. Du Sud.

Je regardais Lorcan. J'hésitais un moment puis reprit la parole, tout bas.

- Je... Je ne suis pas une vraie du Centre... Je viens du Nord...

Mmh... Pas sûr qu'il me croirait. Nous autres, les nordistes, on était censé être tous morts. Et on les rares survivants ne se ventait pas de venir de là bas. Je les ai regardé, tout les deux, tour à tour.

- Mais s'ils vous plait, par pitié, gardez ça pour vous...

Je n'ai pas pour habitude de me confier, ni de supplier qui que ce soit.

J'ai regardé Isiel un bon moment. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle fasse une confession comme celle là. J'ai ensuite regardé Timéa ; à mon avis, elle ne dirait rien. ça n'avait pas l'air d'être son genre.

- Bien sur, on ne va pas aller te balancer ...

Pour ma part, j'étais plutôt content qu'elles ne me connaissent pas. Trop de gens déjà me connaissent, ça fait du bien de ne pas se sentir ... Intimidant. Certes, je suis le chef de la banlieue Ouest, mais ici, je ne suis personne, juste Lorcan. C'est agréable. Réfléchissant à ce qu'avait dit Timéa au sujet de mon aura, j'ai réfléchit à haute voix :

- En même temps, ça doit s'en aller à mesure qu'on... Change.

J'eu le souffle coupé. Isiel était une des survivantes du Nord ... J'avais du mal à y croire mais je ne vois pas pourquoi elel aurait menti. Bien sur, je n'irais pas la dénoncer à qui que ce soit. Ca serait inconscient.

- Ton secret est bien gardé ne t'en fait pas.

Je me tournai vers Lorcan. Ce qu'il venait de dire me fit réfléchir. Qu'entendait-il par changer ?

- Qu'on change ?

J'ai baissé la tête. Je regrettais ce que je leur avait confié. Je ne les connaissais pas alors pourquoi ?
J'ai juste pu bredouiller un "Merci". Je croisais les bras devant moi sur le comptoir, en faisant attention à ce que mes mains ne soit pas trop visible, et enfouis ma tête dedans. Je ne voulais plus parler, ils en savaient déjà trop sur moi et ça ne me plaisais pas. Alors je les écoutais.

J'ai sourit à Timéa, laissant Isiel tranquille un moment. Elle n'avait pas l'air très bien.

- Et bien ...

J'ai baissé la voix.

- Quand mon père m'a invoqué, j'ai fait fondre la peau de sa main. Maintenant, je ne suis plus jamais violent sans raison. J'ai ... Changé. Je ne suis plus un démon intenable.

Je regardais Isiel. Elle cachait ses mains et n'était pas comme tout à l'heure. Bizarre.
Je fut vite tiré de ma " contemplation " par Lorcan. J'étais intéressée par ce qu'il venait de dire. Il n'était plus " intenable " comment faisait-il pour avoir autant de maîtrise. Moi qui était souvent embêtée par mes pulsions, j'étais admirative.

- Et... tu as changé ... comment ?